Je fais souvent travailler les acteurs sur des monologues très courts avec une ou deux idées dedans, l’objectif étant de faire passer une émotion bien précise et travailler soit l’intention de la voix, soit l’expression corporelle.
Pitch 1 : Une personne à un crush sur une autre personne et cette dernière l’a invité à un concert
Pitch 2 : Un mythomane nous raconte qu’il s’est évadé de prison
Pitch 3 : Une personne essaye de réconforter une autre personne après une rupture.
Premier texte : Triste Noël
L’intérêt de ce texte réside dans les transitions : premier paragraphe on doit sentir l’admiration, le second la colère ou la frustration, la troisième l’émotion et l’angoisse.
Elle s’appelle Noël, c’est étrange comme prénom mais j’aime bien. Je pense souvent à elle et il m’arrive même qu’elle s’introduise dans mes rêves. Elle est trop mignonne. Elle n’est jamais coiffée de la même manière et tous les jours elle porte des vêtements différents. Elle me fait rire parce que parfois elle a des trous à ses chaussures. Elle est trop mignonne.
Elle a un petit copain mais c’est un vrai abruti, c’est comme s’il s’en fichait d’elle, comme si elle était un trophée à son bras. D’ailleurs j’ai déjà vu Noël pleurer plusieurs fois, surement à cause de ça. C’est peut-être pour ça qu’elle a toujours l’air triste sur les photos mais moi je la trouve vraiment trop craquante quand elle sourit.
Je n’ai jamais eu le courage de lui adresser la parole mais je meurs d’envie de le faire à chaque fois. Je pensais qu’elle ne savait même pas que j’existais, pourtant hier elle est venue me voir : elle avait deux tickets pour le concert d’Angèle de vendredi et c’est avec moi qu’elle voulait y aller. J’ai cru que c’était une blague et j’ai encore du mal à y croire maintenant. J’ai vraiment hâte d’y être. Elle est définitivement trop mignonne.
Deuxième texte : La grande évasion
Dans ce texte, le personnage est un vrai mythomane, il n’a jamais été en prison mais tout l’intérêt est justement de le faire croire. Il faut donc que le personnage en fasse des caisses et des caisses dans le pure style de Didier l’embrouille ou Serge le Mytho quitte à s’éloigner un peu du texte
Je ne t’ai pas raconté quand j’ai été condamné pour meurtre ? C’était il y a quelques années, je me suis fait arrêter, juger coupable et j’en ai pris pour 16 ans. Mais je ne voulais pas finir mes jours derrière les barreaux aussi je me suis dit faut que je me fasse la malle. La liberté, j’avais envie de voler, tu vois.
Un jour alors qu’on faisait la balade dans l’enceinte, j’ai eu une opportunité, j’ai foncé et je me suis faufilé entre les grilles, ils ont sonné l’alerte, les sirènes, les chiens, les gens armés qui me cherchaient partout mais moi je suis trop malin, je les ai tous bernés. J’ai fini par trouver un passage pour sortir en escaladant un mur à main nues et finalement je me suis retrouvé de l’autre côté. Les flics me tiraient dessus et j’ai couru le plus loin possible. Je me suis pris une balle là, dans le dos pendant que je fuyais.
Comment ça tu ne me crois pas ?
Troisième texte : Cœur d’artichaut
Ici l’acteur est dans un bar avec son copain en train de pleurer après sa séparation avec sa petite amie. Il essaye de le secouer pour lui faire comprendre que c’est pour le mieux ainsi. Un texte qui semble simple mais qui demande beaucoup de nuance dans le jeu. Il peut être couplé avec un figurant si besoin.
Bon Daniel, on ne va peut-être pas rester ici tout la nuit, en plus le bar va bientôt fermer. Oui je sais c’est dur, elle est partie avec la bagnole et la TV mais ce n’était pas une fille pour toi. On te l’a tous dit dès le départ, vous n’étiez pas fait pour vivre ensemble, comme une erreur de casting. Elle aime la mer et toi la montagne, elle voulait dix gamins et toi aucun. Elle aime les chiens et toi les chats. Ça ne pouvait pas continuer.
T’as fait tout ton possible pour que ça marche, t’as rien à te reprocher. En plus t’es généreux, t’es intelligent, t’as tout pour plaire. Tu sais ce qu’on dit ? Une de perdue, dix de retrouvées. Je suis sûr tu vas rencontrer quelqu’un qui sera parfait pour toi. Puis oublie pas tes potes, moi je suis là hein, j’ai toujours été là pour toi, tu peux me demander ce que tu veux si ça peut te remonter le moral.
Je ne pensais pas qu’un grand gaillard musclé comme toi pouvait être aussi fragile à l’intérieur. Allez sèche moi ces larmes et mouche toi, c’est dégueulasse.
Daniel, promet moi de pas faire de connerie et de t’accrocher, OK ? Et file-moi tes clefs, on rentre. Patron ! l’addition s’il vous plaît.