Ce texte est un petit dialogue de 5 minutes qui se joue à deux.
Le pitch : Un couple (Karine et Julio, la trentaine) en cours de séparation se retrouvent pour discuter des détails de la séparation. Il est question ici de trouver une solution pour la garde d’Oscar, leur enfant en bas âge. Le problème c’est que ni l’un ni l’autre ne veulent la garde. La discussion est alors animée.
Ce texte fait la part belle à l’humour et à l’énervement des deux protagonistes. Il est intéressant pour faire jouer les acteurs sur scène, les faire se déplacer, jouer ensemble et avec le public lors des différents échanges. Les différents changements de tons durant les dialogues peuvent le rendre plutôt dynamique.
Dans le texte, il s’agit de Julio et de Karine, mais les rôles peuvent être inversés, il peut s’agir aisément de deux hommes ou de deux femmes, cela ne poserait pas de soucis.
Karine : Ah non ! ne recommence pas ! Je t’ai cédé pour la télé, j’ai déjà fait un gros effort, alors stop ! Stop, Julio!
Julio : Comment ça, stop ? Ce n’est pas vrai, la télé, tu la voulais absolument !
Karine : « Absolument » ? On va réviser ensemble le sens de ce mot, Julio ! Ta télé, elle a au moins 15 ans, j’ai accepté uniquement parce que tu m’as dit que tu n’aurais pas de place dans ton nouvel appartement.
Julio : Et moi qui croyais que ça te faisait plaisir !
Karine : Non, Julio, ça ne me fait pas « plaisir » ; c’est simplement parce que j’en ai marre des discussions qui durent des heures, pour tous ces objets ; et pour Oscar, c’est pareil.
Julio (choqué) : Mais enfin Karine !
Karine : Quoi ?
Julio : Ce n’est pas un objet, Oscar…
Karine : Oui enfin, tu me comprends : ce que je veux dire, c’est qu’on n’est pas d’accord non plus pour le prendre, c’est ça le problème… comme la télé…
Julio : Moi, c’est impossible : je t’ai dit, je n’aurais qu’une toute petite pièce, et pas de place pour lui…
Karine : Et moi, je te répète, pour la cinquantième fois, que je suis hébergée chez des amis qui habitent sous les toits, qu’on entend tout ce que disent les voisins, et qu’Oscar va réveiller tout l’immeuble chaque nuit.
Julio : Tu es incroyable ! C’est quand même toi qui désirais avoir un enfant, non ? Ça me paraît normal que ce soit toi qui le prennes…
Karine : Ah bon ! Parce que tu n’étais pas d’accord, toi ? Première nouvelle T’as pas dit non quand on en a parlé ensemble avant de l’avoir, tu étais même plutôt partant non ? <Silence> Bon, je ne sais même pas pourquoi j’ai accepté de venir en discuter, tu ne fais aucun effort, c’est toujours pareil avec toi ; après 7 ans de vie commune, j’aurais dû m’en douter que tu réagirais ainsi.
Julio : Tu as accepté de dîner avec moi parce que nous nous séparons, Karine… Et qu’il faut bien régler quelques problèmes, quand on se sépare… Bon, qu’est-ce qu’on fait pour Oscar ?
Karine (mesquine) : C’est toi qui lui as acheté toutes ses affaires, tous ses jouets… ça me paraît quand même normal que tu le prennes, non ?
Julio : Oui, mais c’est toi qui lui donnes à manger tous les jours, il a plus l’habitude d’être avec toi…
Karine : Évidemment, tu rentres toujours du boulot quand il dort ; si je t’attendais pour lui donner à manger, il serait mort de faim depuis longtemps…
Julio : sauf que JE rentre tard pour justement que TU puisses le nourrir. Faut bien que j’aille chasser la nourriture pour la mettre dans le frigo hein, et jusqu’à preuve du contraire je ne suis pas Jésus, je ne multiplie pas encore les pains.
Karine : Très drôle… j’avoue très drôle, tu crois que c’est le moment de faire l’esprit ? <Silence> Bon ça ne résout toujours pas notre problème : on fait comment pour Oscar ?
Julio : Je n’en sais rien, t’as qu’à faire comme d’habitude et le refiler à ta mère, ça lui fera une occupation.
Karine : Non mais ça ne va pas ? Alors d’une tu laisses ma mère en dehors de ça et de deux Oscar ce n’est pas un objet, c’est aussi TON fils, prend tes responsabilités, ce n’est pas comme une télé.
Julio : Ah non hein, on ne va pas revenir sur la télé, tu as dit que tu la gardais
Karine : Rah mais tu m’énerves à la fin ! Oublie la télé cinq minutes et aide-moi à trouver une solution.
Julio : Alors j’ai peut-être une solution mais tu ne vas pas être d’accord
Karine : Ça implique ma mère ? Tu vas le couper en deux ? On va l’abandonner aux bonnes sœurs ? Avec toi je suis prête à tout. Je te préviens si c’est une idée stupide, j’appelle un avocat.
Julio : Mais non, rassure-toi, je pense que j’ai trouvé une solution. Écoute.
Subtile mélange entre drame et humour !
Ces deux personnages qui s’écoutent .. sans s’écouter sonnent très vrais et le lecteur est instantanément captivé !
Bravo 😉