Ce texte est une scène de la pièce « Les Cachottiers » de Luc Chaumar et mis en scène par Olivier Macé que j’ai réadapté moi même
La scène dure moins de 10 minutes est composée de 2 acteurs : le père d’une femme qui vient d’accoucher et l’amie du propriétaire de l’appartement dans lequel se passe la pièce. Dans cette scène, un immense quiproquo fait que les deux acteurs parlent de deux choses différentes et l’aspect comique vient du fait qu’ils sont persuadés de parler de la même chose.
Ma plus grosse difficulté sur cette scène c’est que le comique marche lorsque la scène est dans son ensemble avec le reste de la pièce. Pour l’avoir fait jouer avec mes acteurs, quelques blagues tombent à plat parce que le contexte n’est pas forcément présent et en l’absence de mise en place des personnages, il est un peu difficile de saisir le fait qu’ils ne parlent pas de la même chose.
Cependant cette scène reste intéressante pour faire travailler les échanges de répliques et les pauses scénique pour mettre l’accent sur l’humour. Il a été joué selon deux manière : La première en mode surjoué pour renforcer l’aspect caricatural des personnage (et la pièce originale le faisait comme ça) mais la deuxième était en mode « au naturel » des personnages. Ce dernier m’a particulièrement surpris car le texte à changé de saveur mais proposait quelque chose de différent et je pense qu’il est intéressant d’explorer cet aspect également
Les acteurs ont apprécié cette scène même si à mon humble avis, elle est beaucoup plus parlante et drôle dans le contexte global de la pièce.
Suite à un immense quiproquo la situation est la suivante :
Sylvain, que sa femme a quitté il y a pile neuf mois, est dans sa chambre avec sa voisine du dessus, Alice, qui a accouchée chez lui en urgence durant la nuit. Raymond, le père d’Alice est sur place et croit que Sylvain est le père de l’enfant. Martine, grande amie de Sylvain arrive au même moment et n’est au courant de rien de toute l’histoire, elle pense que c’est Céline, son ex-femme, qui est dans la chambre et qu’ils ont renoué durant la nuit.
Raymond sort de la chambre
Martine : Sylvain est là ?
Raymond : Oui, avec sa femme.
Martine : Sa femme est là ?
Raymond : Oui, dans la chambre, elle se repose… faut dire que leur nuit a été agitée !
Martine : Ah d’accord… c’est pour ça qu’il est tout drôle ce matin.
Raymond : ah oui, on le serait tous dans ce genre de situation.
Martine : oh oui, je suis heureuse que ça se termine bien entre lui et sa femme. Le pauvre Sylvain, ça n’a pas été facile pour lui.
Raymond : Et elle, vous y pensez un peu à elle ? Dans cette histoire c’est quand même elle qui a tout fait non ?
Martine : De vous à moi, vous êtes le père aussi je peux vous le dire mais y’a neuf moi, elle a quand même fait son coup en douce.
Raymond : Ha bon ? Il n’a pas eu son mot à dire ?
Martine : ah non il a été mis devant le fait accompli et pour tout vous dire, il n’était même pas là quand elle l’a fait.
Raymond : Non…. Rhoo…
Martine : Ah si, elle juste même laissé un mot sur le frigo… Et ça pour Sylvain, elle a été dure à passer la pilule
Raymond hilare : Ah non mais la pilule elle n’est même pas passée du tout visiblement !
Martine stoïque ne comprenant pas
Raymond hilare : bah si la pilule… Bah si… La pilule.
Martine le jugeant du regard
Raymond : oui non, bon laissez tomber la pilule… Ah oui mais remarquez, c’est vraiment pas bien ce qu’elle a fait la petite, je l’ai pas élevée comme ça.
Martine : non mais si ce matin elle est dans la chambre, c’est que tout est bien qui finit bien. Et vous alors, vous êtes là depuis longtemps ?
Raymond : et bien figurez-vous que hier soir, ma fille m’a appelé pour me dire… heu, qu’elle était en train de le faire avec lui.
Martine interloquée : ha ? parce que généralement elle vous appelle dans ces circonstances ?
Raymond surpris : ben oui ! c’est normal je suis son père.
Martine hilare : moi dans ces moments-là je n’appelle jamais ma famille. Oh si, la première fois seulement, j’ai crié « maman ! » mais depuis, non, vous pensez bien.
Raymond : Elle a dû être triste votre mère par la suite… Bref, j’ai pris le train de nuit et me voilà pour les féliciter.
Martine : c’est arrivé quand tout ça ?
Raymond : Cette nuit, là dans la chambre.
Martine : Je me doute bien qu’après neuf mois, on ne fait pas ça dans un taxi.
Raymond : Et bien figurez-vous que ça a failli… mais le taxi n’était pas d’accord.
Martine : Remarquez un lit, c’est quand même mieux pour ce genre de chose, non ?
Raymond : Ma femme et moi comme on n’avait pas trop confiance la première fois, on avait décidé de faire ça dans un lit d’hôpital.
Martine surprise : non, c’est vrai ?
Raymond : Si, si, en plus le docteur était un ami et il était juste à côté, comme ça, si ça se passait mal, il pouvait vite intervenir pour donner un coup de main.
Martine encore plus surprise : ah d’accord, ah oui je comprends. Remarquez chacun ses goûts.
Raymond : Personnellement pour ce genre de chose, c’est bien d’être à plusieurs.
Martine les yeux grands ouverts : Alors je ne juge pas mais chacun ses goûts.
Raymond : ça a quand même duré 8 heures avant qu’on y arrive.
Martine choquée : 8 heures ! A quand même ! Mais aussi quand ça ne veut pas ça ne veut pas
Raymond : Après on n’a jamais regretté ce qu’on a fait.
Martine : Confidence pour confidence, nous la première fois c’était dans l’ascenseur.
Raymond : Oh oui je vois, c’est normal quand on ne peut pas se retenir.
Martine : hop hop hop, au 5e, c’était emballé, pesé, terminé !
Raymond : Ah oui je vois c’était rapide. Ceci dit l’important vous voyez c’est de ne pas souffrir.
Martine blasée : Vous savez je n’ai rien senti… Ni la première fois ni les autres d’ailleurs.
Raymond : Au final tant mieux j’ai envie de dire.
Martine : Oui enfin j’aurais bien aimé que ça dure un petit peu quand même.
Raymond : Mais la nature c’est la nature.
Martine soupirant : Et Bernard, c’est Bernard.
Raymond : non mais l’important c’est que ce soit bien terminé. Ils vécurent heureux
Martine : Et ils eurent beaucoup d’enfants.
Raymond : Et ça, c’est bien parti, le premier est déjà fait.
Martine choquée : Comment ça il est déjà fait ?
Raymond : Ben oui, on en parle depuis 5 minutes.
Martine ne comprenant rien : Mais ils ont déjà un bébé ? Ce n’est pas un peu rapide ?
Raymond : Oui, le bébé est dans la chambre.
Martine : Quoi ? Mais je ne comprends rien du tout à ce que vous me dites.
Raymond : Venez, je vais vous montrer ça sera plus simple.
Martine surprise : Non mais attendez, il est né quand le bébé ?
Raymond : Ben cette nuit c’est ce que je me tue à vous dire.
Martine : Non mais de nos jours, on ne fait pas un bébé en une nuit à domicile.
Raymond : Attendez, vous avez bien fait ça dans un ascenseur vous.
Martine choquée et ne comprenant rien : quoi ?
Raymond : Bon vous venez, je vais vous montrer.