Note : Cet article fait parti d’un ensemble de textes qui retracent ce qu’il s’est passé en 2023 pour moi. Je vous invite à aller voir la liste des thèmes abordés sur ce billet de blog.
Pour beaucoup de personne, le passage d’une dizaine ça marque dans une vie. 20 ans, c’est le vrai âge adulte, 30 ans, c’est l’âge des responsabilités. Pour moi 40 ça signifiait devenir vieux. C’était l’âge de mes parents quand je suis né. C’était un cap. Quand j’étais plus jeune, je me disais que je n’atteindrai jamais les 40 ans et que je préférais mourir avant. J’étais un putain d’idiot.
Et forcément quand je me suis rapproché de la date fatidique, j’ai eu comme un déni. Comme un goût de « je n’ai pas envie d’avoir cet âge-là ». Aussi et parce que forcément j’étais dans un moment faste de ma vie, j’ai décidé que je n’organiserai rien pour mes 40 ans.
C’est donc naturellement que j’ai prévu deux choses complètement loufoques pour le jour de mon anniversaire. Deux choses nécessaires pour me préparer au futur et rentrer dans ma nouvelle vie de « vieux » comme il se doit.
Le dépistage
Pour remettre dans le contexte, nous étions en démarche de séparation avec mon ex-femme. Sauf que ce n’était pas tout à fait réellement encore rentré dans mon esprit en Janvier. Par contre je savais que si je voulais que ça aille mieux dans ma tête, il fallait que je rencontre des gens et comme pour moi le sexe c’est quelque chose d’important, je me suis dit que potentiellement j’allais coucher avec. Résultat, le dépistage était nécessaire et obligatoire pour moi pour être libre dans ma tête.
Dans la mesure du possible, tout le monde devrait se faire dépister régulièrement. Et par régulièrement j’entends tous les ans pour les personnes en couple même sans aventure extra-conjugales, etc. 6 mois pour ceux qui font des rencontres et peuvent avoir différents partenaires dans l’année, tous les 3 mois ou moins pour ceux qui ont une vie sexuelle débridée et systématiquement après un comportement à risque.
Mais pourquoi se faire dépister si vous êtes en couple et fidèle sans aventure me demanderiez-vous ? Tout simplement parque si vous vous êtes certains de ne pas avoir fait d’imprudence, rien ne garanti que votre partenaire n’ait pas commis un écart et ne vous a pas prévenu. Non, ce n’est pas un manque de confiance en l’autre, c’est le principe de précaution : better safe than sorry.
Aujourd’hui, il existe des traitements qui permettent de ne pas être contagieux tout en étant contaminé par le VIH. Encore faut-il que pour avoir accès à ce traitement, il faut savoir que vous êtes porteur du virus. Il y a beaucoup trop de gens qui sont contaminé donc contaminant et qui ne la savent pas, qui pensent être clean mais mettent en danger ses partenaires.
Aussi, si vous décidez de vous faire dépister alors que vous n’avez à priori aucun risque et si votre partenaire vous reproche de ne pas lui faire confiance, dites-lui simplement « tu sais, je fais ça parce que je t’aime, je n’ai pas envie de te rendre malade. Aussi je préfère faire le test pour être sûr plutôt que de te donner une maladie mortelle ». Dit comme ça, c’est quand même vachement plus romantique.
Ah, et n’oubliez pas que les dépistages ne concernent pas que le VIH, il existe un tas de MST/IST qui sont tout autant casse-couilles ou mortels et que le dépistage permet de détecter. Donc oui, un snap-VIH, trouvable en pharmacie c’est bien mais ce n’est pas la garantie que vous n’allez pas refiler quelque chose d’autre à votre partenaire. Certaines maladies peuvent s’attraper sans rapports sexuels donc encore une fois : better safe than sorry. Faites un dépistage complet, c’est pas le moment de faire des économies de bout de chandelles.
Transition parfaite : Je rappelle également que les tests sont gratuits et anonymes dans les centres de dépistage (CDAG) qui sont présents dans quasiment toutes les grandes villes de France. Et si le fait de discuter avec des gens dont c’est le métier et la spécialisation vous fait peur, vous pouvez toujours prendre rendez-vous dans un laboratoire d’analyse et leur demander une analyse des MST. Dans la majorité des cas, c’est sans ordonnances, parfois les labos sont un peu chiants et en demande une. Rien ne vous empêche lors de votre prochain passage chez votre médecin traitant quand il vous demande « et en dehors de ça, vous avez besoin d’autre chose ? » de lui glisser simplement « oui, j’aimerai effectuer un dépistage des MST et IST par simple précaution ». Une simple phrase qui peut vous sauver la vie et celle des autres.
En désespoir de cause et si vraiment vous avez honte de votre médecin traitant, vous pouvez toujours invoquer un accident d’exposition au sang aka AES (potentiellement en allant à l’hôpital) qui ouvre le droit à une série d’examen pour savoir si vous avait été contaminé suite à une exposition à du sang d’origine inconnu. C’est surtout utilisé pour les secouristes, pompiers, ambulanciers, etc. vu leurs actions au quotidien mais vous pouvez toujours avoir été en contact avec un inconnu qui s’est coupé et que vous avez dû soigner par exemple. Ne vous inquiétez pas, les infirmiers qui vous prendrons en charge sont largement habitués à cela.
Tout ça pour dire que j’avais donc prévu de me faire dépister pour pouvoir jouer tranquille avec mes futurs partenaires sexuels, libertins ou non, même si j’avais toujours envisagé de le faire en étant protégé, l’un n’empêchant pas l’autre bien au contraire.
Quelques jours plus tard, les résultats sont tous revenus négatifs ainsi que mon spermogramme indiquant que j’étais à la fois clean et stérile. De quoi ouvrir pas mal d’opportunité de jeu.
Remember : Better Safe Than Sorry
Le 4 dents de l’apocalypse
Mon deuxième « cadeau » c’était un rendez-vous chez un dentiste près de chez moi car j’avais eu un petit souci de rage de dent de sagesse. En effet, j’ai hérité de la petite mâchoire de ma mère et de dents relativement grosses de mon père. Cocktail détonnant qui m’a bien ennuyé tout au long de ma vie.
Déjà lors de mon adolescence, mon dentiste attitré m’avait indiqué que je n’aurais pas la place pour toutes mes dents définitives et que, même avec un appareil, ce ne serait pas sûre que cela puisse s’arranger. Résultat, je me suis fait arracher 4 prémolaires à 13 ans afin de laisser la place aux autres dents. 20 ans après, je dois bien constater que c’était le bon call, les 4 trous des dents manquantes ont été complètement comblées par mes autres dents qui ont pris leurs places et cela ne se voit absolument pas.
Sauf que, arrivé à 39 ans et 330 jours (environ hein, on n’est pas à une vache près), mes dents de sagesses en ont eu marre de ne pas avoir de place et d’être à moitié cachées sous la peau du fond de la mâchoire. Résultat, l’une d’entre elle a décidé que c’était le moment de se faire connaître et de faire un piquer de grève en organisant une surprise-party avec quelques impuretés et autres bactéries pour créer une magnifique infection irradiant de douleur le fond de ma bouche.
Je vous passe les détails des douleurs atroces qui vous empêchent de dormir, des anti-douleurs qui n’ont aucun effet, de l’impression qu’on vous enfonce un pieu dans la mâchoire dès que vous appliquer un peu de chaud ou de froid sur la partie infectée… Bref, le bonheur à l’état pure. Et forcément cela s’est déclaré entre noël et jour de l’an pour bien que ce soit dans une période où aucun dentiste ne soit dispo. Histoire de rajouter de l’insulte à la douleur.
Après négociation avec mes dents de sagesses et une petite entrevue avec mon dentiste, nous avons convenu de lever le blocus le jour de mon anniversaire. Et ce qui fut dit fut fait. Et forcément dans ces cas-là, les choses ne sont pas passées comme prévues. En effet, d’après les mots du dentiste « cela ne devrait pas poser de soucis à priori ». Notez l’importance du « à priori » car tout est inclus dedans.
En effet, il s’avère que j’ai les racines crochues pour deux d’entre elles (celles du bas) et que par conséquence, il est dangereux et complexe de juste les extraire directement car l’on risque d’abimer les nerfs qui passent potentiellement entre les racines. Aussi et pour palier à cela l’opération consister à casser la dent en morceaux pour pouvoir attraper les 4 racines une par une.
Je vais répéter et compléter : il est nécessaire de taper au burin dans les dents pour l’éclater en marceaux avant d’aspirer les dits morceaux et d’extraire les racines une par une, dans le sang et les larmes. Vous avez mal aux dents à force de les serrer maintenant ? ça tombe bien, c’est exactement ce que j’ai vécu.
Rajouter à cela la petite nuance que je suis résistant naturellement aux anti-douleurs et que bien que j’en ai fait mention au dentiste, celui-ci ne m’a pas cru et m’a administré une dose classique. Au début je sentais tout. Mais vraiment tout. Cela n’a même ne serait-ce qu’atténué la douleur. Quand il a commencé à attaquer au burin c’était trop pour moi et bien que je lui dise que je sentais encore, il ne m’a toujours pas cru. Il m’a quand même remis une petite dose d’anesthésiant pour voir puis a recommencé.
Jusqu’à ce que je fasse un malaise vagal.
J’ai failli m’évanouir et me vomir dessus. Heureusement que j’avais ma montre connectée qui m’a envoyé une alerte « rythme cardiaque anormalement élevée ». J’ai immédiatement fait arrêter le dentiste pour pouvoir reprendre mes esprits. C’est à ce moment-là que lui aussi a paniqué quand il m’a vu partir dans les vapes.
Après 10 minutes, le temps de revenir sur terre, le dentiste voulais tout arrêter mais j’avais une dent de cassée en deux et il en restait trois autres à retirer aussi. J’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai invité à reprendre son office.
Les choses se sont beaucoup mieux passées et une heure plus tard, j’étais allégé de quelques grammes que pesaient mes quatre dents de sagesse. Bien aidé par le fait que cette fois il m’a mis une dose de cheval pour l’anesthésiant. Il m’a par ailleurs dit « d’habitude j’en met une dose et demi pour les quatre dents, pour vous j’en ai mis quatre, je n’ai jamais vu ça ». Merci bro, c’était pas faute de t’avoir prévenu, je connais mon corps.
Quelques jours plus tard, les fils se sont résorbés, la douleur est partie et j’ai pu reprendre une activité normale. Avec 8 dents en moins mais il parait que ce n’est pas discriminant pour trouver du travail donc je devrais vivre une vie à peu près normale maintenant.
Moralité, je pense que malgré tout je me souviendrais du jour de mes quarante ans.
Un gâteau et des larmes
C’est quand je suis rentré chez moi, après avoir été charcuté par mon dentiste que j’ai réalisé. Pour les 30 ans de mon ex, j’avais organisé une fête avec tous ses amis. Elle n’a pas kiffé (mais c’est une toute autre histoire que je vous raconterai un jour peut-être) mais moi je trouvais ça important, qu’elle puisse fêter cette dizaine avec tous ses amis et qu’elle puisse garder un souvenir, un mot, une photo, une trace de chacun d’entre eux ce jour-là parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer par la suite.
Et moi j’ai réalisé que j’étais seul dans mon appartement, à essayer de faire rentrer un morceau de gâteau dans le champ de bataille qu’était ma bouche après le passage du dentiste, sans aucune bougie à souffler, sans aucun ami pour être là avec moi, sans mon ex qui avait filé retrouver son amoureux ce jour là.
A la question « tu veux faire un truc pour tes 40 ans ? » j’avais machinalement répondu « non, ça ne signifie rien pour moi. Je ne veux pas fêter le fait que je sois vieux. ». Avec le recul je le regrette beaucoup. Intérieurement j’aurais espéré que la personne qui comptait le plus pour moi aurait organisé un petit truc pour moi à ce moment-là, pour me faire plaisir. J’aurais aimé être surpris par une fête surprise avec des amis, des gens que je n’avais pas vu depuis longtemps par exemple. Ou même simplement un moment de détente avec un groupe restreint de personnes à faire un truc qui me plaît pour mon anniversaire. Surtout dans cette période très compliquée qu’était ma vie en 2023, moralement et physiquement.
Sûrement que ce que j’avais organisé pour mon ex, j’aurais kiffé qu’on le fasse pour moi et c’est sûrement pour cela que je l’ai fait pour elle.
Et moi le jour de mes 40 ans j’ai pleuré. De douleur. De regret. De solitude.
C’est aussi à partir de ce jour là que j’ai commencé à réellement faire le deuil de ma relation avec mon ex. Que ça fait mal de ne plus être sa relation prioritaire. Que ça blesse son égo et mon moral. C’est peut-être l’un des jours les plus dure que j’ai vécu en 2023. Le jour de son anniversaire c’est sensé être quelque chose de joyeux et de positif ? Moi je l’ai vécu comme un vrai coup dans l’estomac.
Un an plus tard, j’ai pris du recul sur cette histoire et j’ai décidé de prendre les choses en mains. J’ai moi-même organisé une activité avec quelques personnes qui me sont chères. C’est trois fois rien mais au moins, ce jour-là, ces personnes sont là pour moi. Juste pour moi et au moins je n’ai pas à espérer ou attendre que quelqu’un fasse quelque chose pour moi, qu’il fallait que ce soit moi qui fasse les choses pour moi en premier lieu.
Au final, j’ai vécu mes 40 ans comme si de rien n’était, comme si j’en avais 39 et comme sûrement j’en aurais 41. Mais cette étape a été l’une des premières briques qui m’a fait évoluer. Mais pour mieux comprendre cela, il va falloir lire les autres billets rétrospectives de 2023.
Archivage de l’information terminée – Consignation confirmée.
Pour compléter sur le dépistage : un dépistage complet ce n’est pas juste une prise de sang. Il faut aussi ajouter les prélèvements locaux (gorge, vagin, anus selon les pratiques pour les femmes, premier jet urinaire +/- gorge pour les hommes hétéro, gorge, premier jet urinaire et anus pour les hommes gays ou bi) pour rechercher chlamydia et gonocoque, qui sont en recrudescence, en particulier dans le milieu libertin. Les médecins de ville ont tendance à oublier.
Et pour ton anniversaire… je connais bien ce sentiment. En fait quand on prend un peu de recul on se rend compte que souvent on fait pour les autres ce qu’on aimerait qu’ils fassent pour nous. Et grandir pour moi c’est aussi apprendre à demander, plutôt que d’attendre que les autres y pensent, et être déçu quand ça n’est pas le cas.
Better Safe Than Sorry : mais tellement… !!
J’aimerais bien devoir me faire dépister tous les 3 mois tellement je m’éclate à chaque coin de rue, mais… heu… ma vie sexuelle est hélas extrêmement plate.. ^^
Mes derniers dépistages restent les dépistages obligatoires de quand ma femme est tombée enceinte, et quant à imaginer que ma femme saute sur tout ce qui bouge, c’est juste impensable pour de nombreuses raisons.
Bref, encore 1000 mercis à toi de partager tes expériences, surtout celle des interrogations du franchissement de la quarantaine… Etrangement, j’ai surtout ressenti un vide à 30 ans, alors que ma vie battait son plein, mais j’avais enfin trouvé la femme de ma vie et malgré tout le bonheur qu’elle m’a (à peu près^^) toujours apporté, j’y voyais une sorte de .. fin de ma jeunesse. C’était d’ailleurs bien le cas. Bref, la quarantaine n’a pas été une grande nouveauté pour moi par rapport à la trentaine. (j’ai 45 ans dans quelques jours ^^)
Salut Marie ! Salut Fluo ^^ ! Vivement le prochain billet ! 🙂
Je prends le temps de lire quelques uns de tes articles, parce que je me fais actuellement chier dans un superbe appartement parisien en pleine canicule à l’extérieur.
Forcément je prends le dernier paragraphe comme un énorme reproche. Je me souviens t’avoir demandé si tu souhaitais organiser quelque chose en particulier, et ton « non » catégorique et un peu grognon m’avait convaincu de ne rien faire. Effectivement, il y a aussi du fait que ce n’est pas ce qui m’aurait plu et je n’avais pas insisté. Sans oublier, bien entendu, qu’on traversait une période complexe, entre la séparation, le déménagement, ton changement de travail, etc. Je ne sais plus exactement dans quel ordre, et quels événements précisément, puis ma propre dépression. Il me semblait qu’on avait tous les deux établis que c’était pas vraiment les meilleurs paramètres pour organiser quelque chose de grandiose.
On pourrait parler plus en détails de tout ce qui n’allait pas qui explique pourquoi je n’ai absolument rien fait pour tes 40 ans, mais l’histoire a déjà été écrite et je ne pourrais pas changer ce qui s’est passé.
Je te souhaite tout de même de passer de meilleurs anniversaires à venir.