Aujourd’hui il m’est arrivé un truc étrange. Une sensation que je n’avais pas connu depuis longtemps. De par un geste simple de ma part, j’ai rendu une personne heureuse. Réellement heureuse. Et ça m’a déstabilisé.
C’est arrivé il y a quelques heures et ça tourne encore dans ma tête depuis tout ce temps au point où cela devient nécessaire que je le couche sur papier, pour externaliser, pour pouvoir l’archiver dans ma vie.
Aujourd’hui c’était les fêtes de Jeanne D’Arc à Rouen. Le centre ville se voit affublé de petites tonnelles avec des vendeurs en tout genre : du cuir, des ornements, des vendeurs de bieres, mais également des ateliers de broderies, de calligraphie, de dessin, du travail du bois, etc. Tout ce qui touche de près ou de loin à l’époque de Jeanne D’Arc et dont Rouen est fier de porter culturellement (l’époque hein, pas forcément Jeanne D’Arc qui s’est largement récupérer par l’extrême droite… mais ce n’est pas le sujet du jour). Et cette ambiance est accompagnée de genre en costume d’époque, de gens en armures, et de prestations artistique ne tout genre.
Nous avons débuté par la visite de quelques échoppes dans une petite ruelle et l’une d’entre elle proposait des moulures en pierre peinte qui était particulièrement jolies. Et pendant que nous étions en train d’admirer les créations et de discuter avec la créatrice de comment elle réalisait tout cela, elle s’est arrêté et m’a complimenté sur mon sac à dos.
J’étais un peu surpris car je ne m’attendais pas à ça et pour moi c’était simplement un sac à dos « BlizzCon » et rien de plus. On a engagé la conversation à ce propos et elle me dit qu’elle aurait rêvé en posséder un mais qu’elle n’avait pas pu en acheter à l’époque mais qu’elle le trouve cool. Je lui répond qu’il est effectivement bien pratique mais en édition limité, cependant il est trouvable sur le net et de temps en temps on peut en trouver sur le bon coin par exemple.
La conversation se termine mais je vois bien dans ses yeux que son regard brille.
Nous continuons notre route mais ses mots et son regard me trotte dans la tête. Elle avait vraiment l’air d’avoir envie d’en avoir un sac comme le mien.
Moi de mon côté, j’adorais ce sac quand je l’ai acheté. Je le portait fièrement sur mes épaules il y a encore 3 ans. Mais les temps ont changé et le glorieux Blizzard d’antan n’est plus et la piètre qualité de leurs jeux actuels, les affaires de harcèlement sexuel et la couverture des mauvais agissement de certaines pontes de l’entreprise me mette maintenant mal à l’aise et depuis peu j’avais un vrai problème moral à le porter.
Aussi après y avoir mûrement réfléchi, j’ai décidé de le lui donner.
Je pense qu’elle le portera bien plus fièrement que moi et ça serait dommage que je le laisse dans un placard alors que je sais qu’elle en prendra soin.
Aussi j’ai tenu à revenir le soir sur son stand. Je l’ai interpellé puis je lui ai tendu mon sac en lui disant que j’avais bien réfléchis et que puisse qu’elle le voulait vraiment, je voulais le lui donner. Elle avait l’air de pas comprendre et m’a demandé si j’en étais vraiment sûr.
Alors je lui ai expliqué que je l’utilisais pas tant que ça et qu’elle serait bien plus heureuse à l’utiliser que moi de le garder dans un placard. J’ai bredouillé quelques mots mais ma timidité m’a un peu figé sur place. En tout cas, son sourire et ses grands yeux brillants m’ont ému. Elle répétait qu’elle arrivait pas à le croire et que son frère allait être tellement jaloux !
Elle a insisté pour soit me le payer ou bien que je prenne quelque chose sur son stand. Elle faisait des sculptures cools mais je n’en n’avais aucune utilité à la maison et j’essaye de ne pas m’encombrer de trop de chose (même si c’était très joli). Et j’avais envie de le lui donner, pas de le vendre ou le troquer.
Alors je lui ai simplement dit qu’elle pouvait le garder sans contrepartie mais elle a insisté pour me donner sa carte et que je repasse choisir quelque chose samedi.
J’ai été extrêmement touché par son bonheur. Ça m’a vraiment remué. Au fond de moi j’ai ressentis des choses que j’avais pas ressenti depuis très longtemps : rendre quelqu’un heureux avec un geste qui pour moi ne me coûte vraiment pas grand chose. C’était intense et j’en avais perdu l’habitude.
Alors je suis simplement parti pendant qu’elle regardait le sac sous toutes les coutures et j’ai tracé mon chemin.
Quelques minutes plus tard, nous sommes revenus sur le stand à côté du sien pour acheter une babiole pour mon fils, et je n’ai pas pu m’empêcher de la regarder. Elle était au téléphone, face au sac, le sourire aux lèvres et les larmes aux yeux.
J’ai vraiment été déstabilisé intérieurement par cela. Elle avait l’air de vivre un rêve. Elle semblait simplement être heureuse et c’est mon action, limite anodine, qui l’a rendue comme ça.
Je ne sais pas quels mots mettre sur mon ressenti.
Avec le recul, je me dis que j’aurais aimé discuter avec elle de sa passion pour Blizzard, de quels jeux sont ses préférés… Et peut-être que ce sont les mêmes que les miens ? Peut-être qu’on aurait pu nouer des liens d’amitié de par notre passion commune ?
Ou bien juste le fait d’être un inconnu qui fait un geste désintéressé pour elle est largement suffisant pour moi.
Je ne sais pas mais ça m’a vraiment remué au plus profond de moi même : je veux rendre les gens autour de moi heureux car leur bonheur me fait du bien. J’ai envie d’être un type bien.