Ce texte est une fiction. Il m’a été inspiré par un souvenir d’un frisson lorsqu’une femme m’avait dévoilée ses sous-vêtements depuis la cabine d’essayage alors qu’elle pensait que j’étais son mari.
Je n’étais pas venue dans cette boutique de lingerie fine pour acheter quelque chose en particulier. J’étais juste entrée parce que j’aimais m’y perdre, toucher les tissus, imaginer ce que chaque pièce pourrait éveiller dans le regard de celui — ou celle — qui la découvrirait sur moi. Ça m’électrisait un peu.
En flânant entre les portants de dentelle, mon regard a croisé celui d’un homme. Il n’était pas là pour lui, ça se voyait. Légèrement mal à l’aise, planté devant les cabines, un sac à main dans une main, son téléphone dans l’autre. Il jetait des regards nerveux vers les rideaux fermés où sa femme essayait les multiples ensembles qu’elle avait emportés. Visiblement, il commençait à perdre patience. Il trouvait le temps long.
Et moi… il m’a fait un peu de peine. Et puis, joueuse comme je suis, je ne résiste jamais à l’appel d’un terrain de jeu.
Le sourire est revenu sur mes lèvres. Celui que j’ai quand je prépare une bêtise.
J’ai attrapé trois pièces au hasard : une nuisette noire transparente, un string assorti, et une paire de bas en dentelle. Mon plan se mettait en place.
Je suis passée devant lui, lentement, en le frôlant presque, et je lui ai lancé ce sourire que je réserve aux situations délicieusement ambiguës. Celui qui allume quelque chose dans le regard des hommes.
Une cabine à l’opposé de celle de sa femme était libre. Je m’y suis glissée.
J’ai pris mon temps.
La nuisette me collait à la peau comme une seconde peau. À travers la transparence, on devinait tout sans rien voir. Le string couvrait à peine l’essentiel. Et les bas galbaient mes cuisses avec une sensualité presque insolente.
Je me suis regardée dans le miroir. Si j’avais pu, je me serais embrassée moi-même. J’étais parfaite. Parfaitement provocante.
Quand j’ai entendu ses pas passer devant ma cabine, j’ai entrouvert le rideau, juste assez pour qu’il m’entende :
— Excusez-moi… j’aurais besoin d’un avis. Disons… masculin.
Il s’est figé. Interloqué. Puis il s’est approché discrètement, jetant un coup d’œil à la cabine de sa femme.
J’ai glissé une main dans l’ouverture du rideau et tiré doucement.
— Je me demande si cette tenue plaira à mon copain, dis-je, faussement hésitante. Vous en pensez quoi… vous ?
Il est resté là, debout, les yeux fixés sur moi, entre incrédulité et trouble assumé. Puis il a esquissé un sourire :
— Je pense que… vous n’avez pas besoin d’une nuisette pour lui plaire.
— Vous êtes gentil… Mais j’ai un doute.
J’ai placé mes mains sous ma poitrine, l’ai remontée doucement, sans ostentation. Juste assez pour souligner les courbes, faire glisser un peu plus le tissu sur mes seins.
— Vous trouvez qu’ils sont bien mis en valeur comme ça ?
Il m’a observée quelques secondes, visiblement plus tendu. Surtout dans son pantalon. Et là, il m’a désarçonnée.
— Honnêtement ? Je crois que ce n’est pas la nuisette, le problème. C’est peut-être… la culotte.
Ah. Un joueur.
J’ai haussé un sourcil, ravie.
— Ah bon ? Vous pensez que je devrais l’enlever ?
— Peut-être. Juste pour voir la différence entre avec… et sans.
Je n’ai pas répondu. J’ai tourné le dos, lentement. J’ai baissé les yeux vers mes hanches. Puis, dans un silence parfait, le plus sensuellement du monde, j’ai fait glisser le string le long de mes cuisses, jusqu’à mes chevilles. En me penchant, je savais que le haut de mes bas dessinait cette ligne de provocation juste au-dessus de mes cuisses.
Je me suis penchée pour le ramasser, dos cambré, jambes à peine écartées. Je n’ai pas eu besoin de me retourner pour savoir exactement où son regard était posé. Brulante de curiosité, j’ai tout de même levé les yeux vers le miroir. Il savait que je le regardais. Et pourtant, il n’a pas détourné les yeux, pour mon plus grand plaisir.
Je me suis relevée doucement, ai déposé la culotte sur le banc, puis me suis tournée vers lui. Nue sous la nuisette, la dentelle jouant avec ma peau claire. D’une main sure, j’ai soulevé un pan de la nuisette, dévoilant un peu plus ma peau nue sous son regard de braise.
— Vous pensez qu’il préfèrera… comme ça ?
Il a dégluti un peu difficilement. Puis il a souri. Clairement troublé, mais de plus en plus complice.
— Votre copain est un homme très chanceux.
Je me suis avancée d’un pas. Mes yeux plantés dans les siens, jusqu’à n’être plus qu’à quelques centimètres.
— C’est ce qu’on me dit souvent.
Il n’a rien dit. Il n’avait rien à dire. Moi non plus. Mais ce silence était chargé en tension. Je n’attendais plus qu’une chose, qu’il tente quelque chose.
Il s’est alors approché à son tour. Je sentais son souffle sur moi. J’ai vu sa main bouger, venir vers ma taille, son regard hésitant entre ma bouche et mes hanches. Il s’est penché. Juste un peu. Entrouvert la bouche…
Et j’ai tiré le rideau. D’un coup sec. Fin du spectacle.
J’ai entendu son souffle court, sa frustration muette. Il était resté là. Immobile. Abandonné en plein fantasme.
Je me suis rhabillée rapidement. J’ai déposé les articles dans la bannette des pièces à remettre en rayon. Je sentais encore la chaleur de son regard glisser sur mes hanches, comme un frisson invisible.
En sortant, je l’ai croisé une dernière fois. Il m’a lancé un regard complice… mais un peu agacé.
Et moi ? J’ai traversé la rue avec ce frisson familier : celui de savoir qu’un homme, quelque part, allait passer la journée à rejouer chaque détail dans sa tête.
Et peut-être même plus.
Mission accomplie.