J’ai toujours aimé le théâtre. D’abord en tant que spectateur quand j’étais petit puis en tant qu’acteur puisque j’ai fait parti d’une troupe pendant deux ans. Aujourd’hui, par un concours de circonstance j’ai fini par prendre en main une troupe en tant qu’animateur de cours de théâtre pour majoritairement des débutants. Le vrai soucis c’est que je n’arrivais pas à trouver des ressources suffisamment intéressantes : soit les textes étaient trop longs, trop rébarbatifs, trop complexe, etc. Aussi j’ai fini par produire moi même les textes que l’on joue.
Je mets à disposition toutes mes productions si cela peut vous aider et vous inspirer. Vous êtes libres de les utiliser tel quel ou bien de les adapter à votre guise.
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Salle d’attente, jeu de regards et espièglerie
Ce texte est une fiction. Il m’a été inspiré par mon passage dans la salle d’attente du bloc opératoire juste avant mon anesthésie générale. Parfois l’inspiration arrive là où on s’y attend le moins.
J’étais juste venue accompagner Charlotte, ma meilleure amie à un banal rendez-vous chez son médecin. Rien de glamour, rien de spécial. Un mardi matin gris, sans maquillage, juste un peu de baume sur les lèvres, un thermos de thé tiède à la main. J’avais enfilé une jupe parce qu’il commençait à faire chaud, qu’elle était confortable. Et jolie. Et qu’elle me faisait de belles jambes, ce que je n’allais pas gâcher derrière un jean. En dessous, ma culotte préférée : de la dentelle noire, un peu transparente, avec un petit nœud discret à l’avant. Mon petit secret, rien que pour moi.
Bon OK, je l’ai surtout mise parce que j’étais d’une humeur joueuse.
Je pensais n’attendre que quinze, vingt minutes tout au plus. Le temps que Charlotte passe dans le cabinet et ressorte en me racontant une anecdote médicale absurde. Mais le temps était long.
Puis il est entré dans la salle d’attente. Et je l’ai vu. Lui.
L’homme au costume gris, chemise impeccable, lunettes fines, traits tirés, cheveux grisonnant mais regard vif. Il lisait un journal, plié à la perfection sur ses genoux. Un genre d’homme discret, sûr de lui sans arrogance. Il ne m’a regardée qu’une seconde. Peut-être deux. Mais c’était suffisant. J’ai senti le trouble en moi. Il m’avait fait ce regard-là. Celui qui se pose sans s’imposer. Qui frôle, mais reste. Pas un regard gluant ou vorace. Un regard retenu, presque poli. Mais chargé de sens.
Et moi, forcément, comme ça m’a plu, j’ai eu envie de m’amuser.
J’ai croisé les jambes lentement. Juste ce qu’il faut. J’ai fouillé dans mon sac avec lenteur, comme si j’avais mille trésors à découvrir dedans. Et surtout, j’ai évité soigneusement de croiser son regard trop longtemps. Une danse. Un jeu de distance et de tension.
Quand j’ai senti que ses yeux étaient de nouveau sur moi, j’ai nonchalamment levé mon pied et je l’ai posé sur ma chaise. Ma jupe s’est relevée naturellement, dévoilant, par accident, bien sûr, la fine dentelle noire de ma culotte. Une brève apparition. Un éclat. Une caresse visuelle.
Il a retenu sa respiration. Littéralement.
Bien sûr que j’avais tout calculé. Et c’est ça qui m’amusait le plus.
Je l’ai vu bouger la tête, se redresser, replier une page de son journal comme pour se donner une contenance. Et là, j’ai fait semblant de remarquer ma position. Un petit « oh… » tout doux, comme si j’étais la plus innocente des créatures. J’ai réajusté ma jupe, baissé les yeux avec une pudeur de théâtre, et j’ai même osé lui lancer un petit sourire gêné. La plus douée des actrices.
Il a mordu.
Il était foutu.
Et moi, ravie.
Déjà satisfaite de mon petit effet, j’ai voulu voir si je pouvais aller plus loin. L’idée m’est venue comme une évidence. J’ai attrapé un vieux magazine de la table basse. À l’intérieur, une grille de mots croisés déjà entamée. Je me suis installée plus confortablement, et j’ai sorti un crayon de mon sac.
Je me suis mise à mordiller distraitement le bout du crayon. Comme si je réfléchissais profondément à un synonyme de “pipe” en neuf lettres. Le bois sous mes lèvres, la protubérance contre ma langue. Lentement, langoureusement. Puis j’ai glissé ma langue sur la tige, avant de l’enfoncer dans ma bouche, comme une sucette. Pour lui.
Je n’ai même pas eu besoin de le regarder pour savoir qu’il avait arrêté de lire.
Il n’y avait plus de journal. Plus de salle d’attente. Juste moi, et lui. Et ce jeu silencieux qu’on jouait à deux. Moi qui joue et lui qui regarde comme hypnotisé. J’aurais tellement voulu être dans sa tête pour savoir à quoi il pensait en me regardant.
Et puis d’un coup ses lèvres se sont entrouvertes, il s’est légèrement penché vers moi et à l’instant précis où je l’ai senti prêt à dire quelque chose, je fus sauvée par le gong : La porte du cabinet s’est ouverte, Charlotte est sortie en souriant, remerciant le médecin d’un ton léger.
— C’est bon, on peut y aller, me dit-elle, déjà en train de remettre son manteau.
Je me suis levée tranquillement, j’ai rangé mon crayon et mon magazine, attrapé mon sac. Et puis, avant de franchir la porte, je n’ai pas pu m’en empêcher : je me suis arrêtée.
— Donne-moi juste deux secondes, murmurai-je à Charlotte.
Je me suis tournée vers lui. Il était resté là, raide, figé, les yeux encore brillants de toutes les images que je venais de lui glisser dans la tête. Je me suis penchée légèrement vers lui et j’ai soufflé :
— La prochaine fois qu’on se croisera, j’aimerais vraiment que vous me prêtiez votre crayon… Il me reste encore quelques grilles à finir. Ne vous inquiétez pas, je suis très douée pour ça.
Et sans attendre qu’il s’en remette, j’ai fait demi-tour. Ma jupe a tournoyé légèrement, dévoilant le haut de mes cuisses. Et je suis sortie le sourire aux lèvres comme une enfant qui a réussi son coup.
Charlotte, qui me connaît un peu trop bien, m’a lancé un regard en coin.
— Mais qu’est-ce que t’as ENCORE fait, toi ?
J’ai haussé les épaules, faussement sage.
— Moi ? Rien. J’ai juste fait des mots croisés.
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Moi, Escort Boy !
Note 1 : Ce billet de blog est une version adaptée et enrichie du texte que j’ai joué sur la scène du cabaret « histoires de Q » organisé par les chahuteuses le vendredi 15 mars 2024 à la Bellevilloise. N’ayant que 10 minutes, j’ai dû prendre quelques raccourcis et couper des parties du texte. Cette version est la version finale.
Note 2 : Cet article fait également parti d’un ensemble de textes qui retracent ce qu’il s’est passé en 2023 pour moi. Je vous invite à aller voir la liste des thèmes abordés sur ce billet de blog.
Si vous m’avez déjà rencontré, vous vous demandez sûrement si c’est une blague. Parce qu’en vrai, est-ce que j’ai vraiment l’air d’être un TDS ? Un escort Boy ? On est d’accord que je ne suis pas trop trop le cliché du gigolo… Quand on vous dit escort boy, vous pensez immédiatement au petit jeune, beau musclé, bien membré, sûr de lui, torse nu sous sa chemise ouverte, le tombeur, le don Juan…
Moi c’est Frédéric, la quarantaine passée, j’ai un peu de bide, un complexe de l’imposteur, une dépression post partum (si, si) et puisqu’on est dans les confidences, je ne suis pas ce qu’on pourrait appeler « bien membré ». Mais bon ce n’est pas la taille qui compte, toi-même tu sais.
Enchanté de faire ta connaissance, tu vas voir on va passer un bon moment quand même ensemble, promis.
Alors comment un type lambda et banal comme moi a pu finir escort boy ?
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Atelier Théâtre – Courts textes – Petits récits pour mimes
Un des exercices que j’ai toujours trouvé amusants au théâtre ce sont les exercices qui sont basés sur le mime. Généralement un narrateur raconte une histoire, décrit une situation, et le ou les acteurs doivent mimer la scène soit le plus fidèlement possible, soit de manière la plus exagérée possible.
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Atelier Théâtre – 15 cartes de personnages – Exercices sur la voix
Dans le cadre des exercices de théâtre il faut souvent mettre en situation avec des personnages très loufoques et j’ai toujours eu du mal à trouver des personnages intéressante à jouer. Aussi, pour cette exercices basé sur la voix (et la concentration) j’avais besoin de personnage amusant à jouer.
C’est ainsi que j’ai créé 15 personnages fictifs avec des traits de caractères décalés et des caractéristiques vocaux à appliquer.
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Atelier théâtre – Les cachottiers – texte long – 2 personnes
Ce texte est une scène de la pièce « Les Cachottiers » de Luc Chaumar et mis en scène par Olivier Macé que j’ai réadapté moi même
La scène dure moins de 10 minutes est composée de 2 acteurs : le père d’une femme qui vient d’accoucher et l’amie du propriétaire de l’appartement dans lequel se passe la pièce. Dans cette scène, un immense quiproquo fait que les deux acteurs parlent de deux choses différentes et l’aspect comique vient du fait qu’ils sont persuadés de parler de la même chose.
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Atelier théâtre – Virlangue
Voici un recueil de 40 virlangues que l’on peut utiliser pour s’échauffer la voix, travailler la diction et l’articulation. Pas de spécificité, prenez et apprenez ceux que vous aimez le plus. Certains sont plus facile que d’autres. Mon top40 perso.
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Atelier Théâtre – 3 textes courts – 5 – Monologue
Je fais souvent travailler les acteurs sur des monologues très courts avec une ou deux idées dedans, l’objectif étant de faire passer une émotion bien précise et travailler soit l’intention de la voix, soit l’expression corporelle.
Pitch 1 : Une personne déclame un texte ésotérique
Pitch 2 : Une personne raconte son rêve auprès d’une autre personne qu’elle aime secrètement
Pitch 3 : Une personne se lance dans un discours d’amour pour une autre personne
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Atelier Théâtre – Pire qu’un vampire – Monologue
Ce texte est un monologue un peu long qui traite d’un sujet un peu particulier, à savoir la fin d’une relation toxique. Il dure 5-10 minutes.
Ce texte est à double tranchant. Je pense qu’il est vraiment très puissant et peu vraiment provoquer de l’émotion au publique pour peu qu’il soit joué à fond. Cependant, le sujet traité est un peu lourd et pourrait choquer.
Pourtant il comporte tous les redflags d’une relation toxique ce qui peut être aussi un outil parfait pour de la pédagogie sur le sujet. Du théâtre utile en quelque sorte. Il ne faut pas hésiter à pousser les acteurs à donner le maximum quitte à en faire trop sur les émotions qu’ils ressentent et transmettent
J’ai également fait volontairement une fin assez floue. Au départ je voulais faire une « good end » (elle lui dit que c’est fini et elle part) et une « bad end » (avec une fin tragique voir un suicide). En laissant la fin comme je l’ai fait, c’est au public et aux acteurs de se faire leur propre avis.
Encore une fois, je marche sur des œufs avec ce texte mais il me tenait à cœur.
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Atelier Théâtre – 3 textes courts – 4 – Monologue
Je fais souvent travailler les acteurs sur des monologues très courts avec une ou deux idées dedans, l’objectif étant de faire passer une émotion bien précise et travailler soit l’intention de la voix, soit l’expression corporelle.
Pitch 1 : Une personne déclare sa flamme à une autre personne
Pitch 2 : Une personne réconforte une autre personne avec des mots justes
Pitch 3 : Un accusé de meurtre se défends en reportant la faute sur un chat
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Atelier théâtre – Le dentiste avait une dent contre elle – texte long – 3 personnes
Ce texte est un une idée originale de Michaël Jaeggin, Laurent Tacchini et David Martinet, d’une scène transcrite et corrigée par PM Epiney en juin 98, que j’ai trouvé sur le net, repris et adapté en 2023 pour la troupe.
La scène d’une dizaine de minutes est composée de 3 acteurs : Mme De la Dencreuse (victime un peu bébête qui ne comprend rien), Mme Molaire Deschaussée (accusée et sadique au possible) et le président du tribunal (imbu de sa personne).
Le texte fait la part belle à l’humour. Il n’est pas très équilibré entre les trois personnages mais lorsque deux acteurs jouent, le troisième peut réagir corporellement pour garder du dynamisme.
L’adaptation est probablement perfectible car je n’en suis pas tout à fait satisfait. Il est possible que je le reprenne prochainement. Cependant les acteurs se sont bien amusé à le jouer.
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